La sexualité des Enfants selon l’OMS (2010)
OMS: Standards pour l’éducation sexuelle en Europe (Version 2010)
Extrait, Page 35
1.3 Pourquoi commencer l’éducation sexuelle avant l’âge de quatre ans? Nous l’avons dit à plusieurs reprises: l’éducation sexuelle doit être comprise dans un sens large et holistique, et la sexualité considérée en tant que potentiel positif de l’être humain. L’enfant est un être sexué dès sa naissance, même si sa sexualité est différente de celle des adultes à de nombreux égards, notamment dans son expression, ses contenus et ses objectifs. A chaque âge, chaque étape de développement, il aura des questions et des comportements spécifiques (p. ex. découverte et exploration de son corps et de celui de ses camarades en jouant au docteur, se plaire à montrer son corps et à regarder celui des autres, faire preuve de pudeur envers autrui, etc.) auxquels il s’agira de réagir par une pédagogie adaptée. Le développement psychosexuel pendant l’enfance va de pair avec le développement de compétences physiques, émotionnelles, cognitives et sociales. Nous renvoyons au chap. 3.2 pour une description détaillée du développement psychosexuel de l’enfant. Dans le même ordre d’idées, l’éducation sexuelle ne se résume pas à fournir des données factuelles sur la reproduction et la prévention de maladies. Elle doit aider l’enfant à développer ses sens et la perception/l’image de son corps, à renforcer sa confiance en soi et son autodétermination, à se comporter de manière responsable envers soi-même et autrui. L’éducation commence dès la naissance, d’abord principalement au travers de messages non verbaux, puis, plus tard verbaux. L’éducation sexuelle fait partie intégrante de l’éducation générale; elle est de toute façon dispensée aux enfants, même si ce n’est pas de manière explicite ou consciente. Par leur propre comportement relationnel, les parents donnent aux enfants des exemples vivants du fonctionnement de relations interpersonnelles. Les parents servent encore de modèles pour les rôles différenciés des deux sexes et pour l’expression des émotions, de la sexualité et de la tendresse. Même en ne parlant pas de sexualité (p. ex. en n’appelant pas les parties génitales par leur nom), les parents enseignent quelque chose à propos de la sexualité (leur silence peut en l’occurrence être interprété comme de l’embarras). L’environnement général influe lui aussi sur la socialisation sexuelle de l’enfant, p. ex. les autres enfants à l’école enfantine, ou leur curiosité par rapport à leur corps ou à celui des autres. La manière subconsciente ou naturelle d’enseigner et d’apprendre au sujet de la sexualité peut être complétée par une manière proactive d’enseigner et d’apprendre. Le bénéfice de cette approche est la normalisation du thème de la sexualité. Les enfants reçoivent des réponses qui sont adaptées à leur âge/niveau de développement et apprennent que les sujets relatifs à la sexualité sont foncièrement positifs et plaisants. De la sorte, ils peuvent développer une attitude bienveillante à l’égard de leur corps et acquérir des compétences de communication appropriées (p. ex. langagières: nommer correctement les parties du corps). Parallèlement, les enfants apprennent qu’il existe des limites individuelles et des règles sociales à respecter (tu ne peux pas toucher qui tu veux où tu veux). Plus important encore, ils apprennent à prendre conscience de leurs propres limites, à les exprimer et à les défendre (tu peux dire non; tu peux demander de l’aide). Dans ce sens, l’éducation sexuelle est aussi une éducation sociale et contribue à prévenir les abus sexuels.
Source: Libération