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Pédoland News - 17 juillet 2024

Les viols d’enfants en webcams

Les viols d’enfants en webcams, angle mort de la lutte contre la pédocriminalité

Par  et

Publié le 11 mars 2023 à 05h45, modifié le 11 mars 2023 à 16h54

« Elle fait ce que tu veux pendant le show babe, la jeune veut te plaire, montre son corps, show nu et tout le corps… » C’est l’un des nombreux messages, signés du pseudonyme « I love my kids », qu’une Philippine de 25 ans, habitant dans la banlieue de Manille, a envoyés entre 2017 et 2018 à un homme nord-américain.

Des messages de flirt parfois, des demandes d’aides financières régulières pour payer « le loyer » ou la « facture d’électricité » aussi. Quelques appels vidéo qui sonnent souvent dans le vide. Mais aussi des selfies « avec les enfants », occasionnellement. Il ne s’agit pas ici d’une relation à distance, mais de l’exploitation sexuelle d’une enfant philippine de 9 ans, forcée par sa famille à s’exhiber devant la webcam pour des Occidentaux contre rémunération.

Ces « shows », des vidéos en ligne et en direct, aussi appelés « live streams » de violences sexuelles sur enfants, n’ont cessé de croître ces dix dernières années dans le monde, y compris en France. Avec la pandémie due au coronavirus, le phénomène a encore pris de l’ampleur : les confinements ont exacerbé les violences intrafamiliales, tandis que les projets de voyage pédocriminels ont été contrariés par la fermeture des frontières et les berceaux mondiaux du proxénétisme des mineurs, appauvris par la crise, se sont d’autant tournés vers le streaming. Avec la percée des vidéos à distance, le profil des criminels a évolué.

Source : Le Monde

Derrière le viol en ligne, une mécanique de radicalisation : « Je ne suis pas un pédophile. Je ne ferais jamais de mal à un enfant »

Par 

Publié le 10 mars 2023 à 04h00, modifié le 10 mars 2023 à 09h58

Devant le juge d’instruction, il pleure. Sur les neuf pages de procès-verbal, la didascalie « mentionnons que Monsieur pleure » a été inscrite neuf fois par la greffière. Après son interpellation et sa mise en examen pour « complicité de viol sur mineur », « complicité de traite aggravée d’êtres humains », « consultation, enregistrement, importation et détention de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique », Michel (présumé innocent, son prénom a été modifié) sanglote dans un bureau du tribunal judiciaire de Paris. « Ce n’est pas possible que je sois complice de viol parce que je ne suis jamais allé aux Philippines. Je ne suis pas un pédophile. Je ne ferais jamais de mal à un enfant. »

Six mois plus tôt, les policiers de l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) ont débarqué dans son pavillon d’une ville moyenne du centre de la France, après l’avoir identifié grâce à des informations transmises par leurs homologues américains et philippins. Ils l’ont surpris assis devant les trois écrans de son bureau, en train d’enregistrer un show sexuel donné à l’autre bout de la planète par une adolescente sur le site Chaturbate.

Dans la vie, Michel n’a qu’un seul ami. Il ne voit plus sa famille, n’a pas d’enfant ni de compagne et n’aime pas Noël, qui le confronte à sa solitude. Dans son téléphone, les enquêteurs ne retrouvent que deux contacts privilégiés : l’ami en question et le propriétaire de son logement. A l’intérieur de son portable, il y a aussi beaucoup d’échanges avec les Philippines, des milliers de connexions à Chaturbate et à d’autres sites de « live streaming », sur lesquels il se rend sans trop savoir pourquoi, « même pas pour prendre du plaisir, mais parce que c’est une addiction, comme l’alcool ». Enfin, dans la table de chevet du retraité, trois disques durs que les enquêteurs saisissent.

Viols d’enfants en ligne, la myopie française

Ces dernières années ont vu le développement d’une pédocriminalité à distance, commise à l’autre bout du monde et diffusée en direct par Internet. Face à cette barbarie, la France apparaît insuffisamment armée et les plates-formes doivent être responsabilisées.

Les faits sont insoutenables, le contexte sordide, la progression du phénomène alarmante, la mobilisation en France insuffisante. Des vidéos d’enfants violés par leurs propres parents sont vendues en ligne par ces derniers. Souvent à l’autre bout du monde, par le biais d’Internet, des hommes achètent et visionnent, parfois en direct, ces séquences qu’ils ont commandées, se rendant, à distance, complices d’un crime. L’enquête en trois volets publiée par Le Monde témoigne de l’ampleur du phénomène, des ravages qu’il cause parmi les enfants victimes et de la difficulté de réprimer cette pédocriminalité pullulante.

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est répandu à la faveur de la banalisation de l’Internet et des smartphones partout dans le monde. Depuis une dizaine d’années, le « live streaming », qui consiste à diffuser par l’intermédiaire d’une webcam, à des fins commerciales, des scènes de violences sexuelles commises par des adultes sur des enfants, prospère dans les pays d’Asie du Sud-Est, notamment aux Philippines, mais aussi en Afrique, en Europe de l’Est et en Amérique du Nord.

Des victimes de plus en plus jeunes

L’épidémie de Covid-19, en exacerbant les violences intrafamiliales et en entravant les voyages pédocriminels, a démultiplié le phénomène. D’autant que le perfectionnement des technologies a facilité cette forme d’exploitation sans recours à des gangs organisés. Les mises en relation ne s’effectuent pas nécessairement sur des sites spécialisés ou des messageries chiffrées, mais sur Skype et Facebook messenger, y compris à partir de « demandes d’amis ». Les paiements se font sur Paypal et Western Union.

 

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/11/viols-d-enfants-en-ligne-la-myopie-francaise_6165071_3232.html

En France, les signalements ont augmenté de 30 % en trois ans, et l’organisation américaine d’alerte National Center for Missing & Exploited Children en recense 85 000 concernant des résidents français. L’âge des enfants victimes ne cesse de baisser, jusqu’à atteindre, en septembre 2022, la moyenne effarante de huit mois. A Nanterre, l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) compte 300 dossiers en attente pour les seules affaires franco-philippines. Les commanditaires de ces nouvelles formes de prédation sexuelle appartiennent à toutes les classes sociales, avec un fort risque de récidive, d’addiction et de passage à des violences commanditées en ligne de plus en plus graves, voire de passage à l’acte dans leur entourage familial.

Face à cette barbarie en ligne, la France apparaît insuffisamment armée. L’OCRVP ne dispose que de 18 policiers et, à terme, d’une cinquantaine, contre 150 aux Pays-Bas et 351 au Royaume-Uni. Des progrès notables ont été réalisés en matière d’enquête et d’incrimination, mais les fonctionnaires spécialisés et formés – policiers et magistrats – manquent. Le pays, le quatrième du monde pour l’hébergement des contenus pédocriminels, doit passer à l’action, aussi bien en matière de mise en garde du public que de répression.

Quant aux plates-formes de l’Internet, il est temps qu’elles sortent de leur irresponsabilité face à la prolifération des nouvelles formes de prédation sexuelle. Le projet de règlement de l’Union européenne visant à créer des bases de données de contenus illicites et à imposer une obligation de détection des contenus pédocriminels par les plates-formes, y compris en matière de streaming, est bienvenu. Meta, propriétaire de Facebook, et Microsoft, qui possède Skype, ne doivent plus pouvoir se retrancher derrière la protection des données privées pour s’exonérer de leurs responsabilités face à ce fléau, l’une des plus ignobles formes dites « modernes » de traite d’êtres humains.

Aux Philippines, les enfants perdus du viol en streaming

 

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https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/09/violences-sexuelles-aux-philippines-les-enfants-perdus-du-viol-en-ligne_6164732_3224.html

Leurs petites mains ont réduit en charpie les sièges sur lesquels ces trois enfants étaient assis. Des morceaux de mousse jaune constellent le sol de la salle de jeu. Une heure durant, posés sur leurs poufs, Diwa, 11 ans, son frère adoptif de 8 ans et son cousin de 6 ans ont raconté l’indicible. Comment leurs parents les ont violés pour des Européens qui regardaient en direct sur Internet et achetaient leur humiliation dans le huis clos d’une maison d’une ville de la plus grande île des Philippines. Leur récit, bredouillé entre larmes et hésitations en tagalog – la langue locale, fait surgir des mots anglais : « Sex-toy », « Paypal », « Daddy Dave »… Dans la pièce, la touffeur tropicale du mois de décembre rend l’air irrespirable, à moins que ce ne soit l’épaisseur du traumatisme de ces enfants.